Oui c'est très bien, surtout en Suisse...

mais sans être chauvine, l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich a une excellente réputation "vers l'infini et au-delà" des frontières helvétiques.
Il faudra que je regarde dans les magazines ici la semaine prochaine s'il y a des reportages.
Le quotidien romand le Matin en parle plus longuement aujourd'hui :
La science se met au service du divertissement. Des chercheurs suisses travaillent à rendre les futurs Wall-e, Ratatouille et Nemo encore plus réalistes. Le Disney Research Center, mis sur pied en collaboration avec l'Ecole polytechnique de Zurich, a été inauguré cette semaine. Visite guidée du seul laboratoire que l'empire Disney a implanté en dehors des Etats-Unis.Reconstituer un visage en 3D au dixième de millimètre près. La motivation de Thabo Beeler naît d'un constat simple: «Dans les films d'animation, les figures des personnages peinent encore à convaincre, explique ce chercheur. L'être humain est très entraîné à lire des visages et il remarque la moindre incohérence au premier coup d'oeil.» Cette quête de l'image parfaite, débutée il y a moins d'une année, a bien progressé. Les images qui s'affichent sur l'écran de Thabo Beeler s'approchent de la réalité de manière bluffante.
Pour capturer les plus petits détails d'une physionomie, saisir les expressions et reproduire les mouvements des muscles du visage, Thabo Beeler a construit un scanner un peu particulier. Une structure en métal sur laquelle sont fixés sept appareils photo haute définition. Chacun immortalise l'apparence du modèle sous un angle particulier. Les programmes qu'il a mis au point permettent ensuite de reconstituer informatiquement une image en trois dimensions. «Nous avons fait de nombreux essais avec tous types de visages, raconte le scientifique. Notamment des personnes âgées. Leurs rides sont difficiles à modéliser, mais très importantes si on veut arriver à un résultat réaliste.»
La science peut divertirThabo Beeler travaille au Disney Research Center de Zurich. Pour mettre sur pied ce laboratoire, la plus grande entreprise de divertissement du monde s'est associée à l'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ). Disney finance une vingtaine de postes de chercheurs, l'EPFZ fournit les locaux et l'infrastructure informatique. Les doctorants zurichois bénéficient du savoir-faire des cadres de Disney, en échange de quoi le géant américain peut utiliser dans ses films les techniques développées en Suisse. L'inauguration officielle a eu lieu vendredi en présence d'Ed Catmull, fondateur de Pixar et président des studios d'animation Disney (interview ci-dessous).
Le concubinage de la très sérieuse école polytechnique avec les rois du divertissement n'a pas manqué de faire grincer quelques dents parmi les professeurs de la vénérable institution. «Cela n'a rien de frivole, se défend Markus Gross, professeur à l'EPFZ et directeur du Disney Research Center. Nous faisons de la science! Derrière les belles images et les histoires touchantes des dessins animés modernes, il y a des mathématiques. Beaucoup de mathématiques.» Et puis, ces recherches peuvent être transposées dans d'autres domaines. «La modélisation extrêmement précise des visages peut aussi s'avérer utile en médecine pour de la chirurgie reconstructrice», illustre Markus Gross.
Chaque héros a son bureauLe laboratoire de Disney a pris ses quartiers dans deux coquettes villas du centre-ville, à deux pas de l'EPFZ. L'intérieur a été entièrement refait et décoré par une professionnelle venue spécialement de Californie. Le concept? Chaque pièce est dédiée à un héros de Disney. Les murs accueillent des esquisses de Tarzan, Peter Pan ou Blanche-Neige. «Il s'agit de copies d'excellente qualité, précise Markus Gross. Les originaux, eux, sont conservés dans un endroit tenu secret, quelque part aux Etats-Unis.»
Jarosz Wojciech, lui, a hérité du bureau Mickey. Dans ce qui pourrait ressembler à une chambre d'enfant, ce docteur en informatique venu tout droit de Californie travaille également à améliorer le réalisme des images de synthèse. Sa spécialité, c'est la lumière. Et ce ne sont pas les difficultés qui manquent. «Il faut tenir compte de tous les types d'éclairages ainsi que de leur réflexion sur les différentes matières, explique le spécialiste. Et surtout, de l'atmosphère: y a-t-il de la fumée? Du brouillard?». Cerise sur le gâteau, il faut que les algorithmes soient suffisamment efficaces pour que les ordinateurs ne prennent pas trop de temps à créer les animations. Disney ne peut pas se permettre d'attendre plusieurs jours de calcul pour chaque image. Fini la tour d'ivoire, «il faut composer avec les contraintes de l'industrie», sourit Jarosz Wojciech.
Dans les pièces voisines, ses collègues travaillent sur l'amélioration des techniques 3D, notamment pour la diffusion en direct sur des téléviseurs, ou encore sur des projecteurs miniatures que l'on pourrait bientôt trouver sur des jouets. Mais chut! Disney tient à garder une part de mystère sur les projets en cours et refuse de dévoiler davantage de détails.
Pour admirer au cinéma le résultat des recherches de Thabo Beeler, le reconstructeur de visage, et des autres chercheurs du laboratoire Disney, il faudra encore patienter un peu. «Cela peut prendre encore un an ou deux», estime Markus Gross. Peu importe: lui qui se compare volontiers à Géo Trouvetou, rêve déjà de la prochaine étape: «Les films holographiques où le spectateur serait littéralement au coeur de l'action.»
Un imposant scanner traque les moindres détails de la physionomie du modèle. Le visage sera ensuite reconstitué par l'ordinateur.
«La 3D n'est pas un effet de mode, elle va rester»
Ed Catmull, vous êtes l'un des fondateurs de Pixar et l'actuel président des studios d'animations Walt Disney. Pourquoi avoir choisi Zurich pour implanter le seul centre de recherche hors des Etats-Unis? Les Européens ont joué un rôle important dans le développement de l'animation par ordinateur et nous voulions tisser des liens outre-Atlantique. Avec l'EPFZ, Zurich nous offre une quantité de gens talentueux. Et puis, le contact avec Markus (ndlr: prof. à l'EPFZ et directeur du Disney Research Center) qui est passionné par les dessins animés a été déterminant.
En quoi ce laboratoire est-il si important pour Disney? La résolution de certains problèmes que nous rencontrons lorsqu'on réalise un film prend du temps et nécessite des compétences de pointe. C'est là que le laboratoire de Zurich a un rôle à jouer.
Vous avez fondé Pixar en 1986. Comment avez-vous anticipé l'essor de l'animation par ordinateur? Après avoir terminé mes études, j'ai eu l'envie de réaliser le premier film d'animation en images de synthèse. L'idée date de la fin des années septante. J'ai commencé avec des courts métrages et des publicités. Il m'a fallu 20 ans pour arriver au long-métrage Toy Story en 1995. Dix ans plus tard, Disney a racheté Pixar.
Etes-vous surpris par le succès rencontré par les films en 3D comme Avatar? Non pas vraiment. C'est une vraie innovation et pas un effet de mode. Elle va rester, nous n'en sommes qu'aux balbutiements. La 3D va s'améliorer de manière spectaculaire ces prochaines années.
Tous les films seront-ils tournés en 3D? La 3D doit servir à mieux raconter une histoire. Et toutes les histoires n'ont pas besoin de la 3D. Sinon les films deviennent une juxtaposition d'effets spéciaux. Cela existe, même sans 3D, et c'est très ennuyeux. Chez nous, les priorités sont claires: l'histoire passe en premier.
Disney avait déjà des bureaux à Zurich, maintenant elle a un laboratoire. A quand le parc d'attractions? (Rires) Je ne crois pas que ce soit pour demain... Disons que ce n'est pas dans nos plans!